Assises de la Fédération protestante de France
Clermont-Ferrand - 8 au 10 octobre 2004

Surmonter la violence

Logo FPF Assises


Nos constats

Invités par le thème des Assises de la Fédération Protestante de France, « surmonter la violence », à réfléchir sur des situations concrètes de violence, nous avons été amenés à changer notre regard. Nous avons constaté que, comme tout groupe humain, les Eglises, les Communautés, les Institutions, les Œuvres et les Mouvements (CIOM) peuvent être traversés par la violence. Elle tient à des problèmes de communication entre personnes, à l’usage qu’elles font ou ne font pas des institutions ecclésiales ou associatives qui, en principe, définissent la place et la responsabilité de chacun(e). Constatant par ailleurs la grande part de subjectivité dans ce qui est perçu comme violence, dans les Eglises et les CIOM comme dans la société, nous sommes rendus attentifs au fait que cette question est liée à la non-reconnaissance de l’autre : frère/sœur, collaborateur /collaboratrice… semblables et pourtant différent(e)s. La violence s’origine dans une mauvaise appréciation de la distance entre soi et l’autre, particulièrement entre femmes et hommes, entre personnes en position de pouvoir et celles qui ne le sont pas. La lecture de textes bibliques où la violence est mise en scène (Gn. 34, 1-35,5 et Actes 5,1-11), nous montre que la Bible ne fait pas de déclarations sur la violence mais que Dieu ne s’absente pas de la violence subie par les humains et qu’il y parle. A la lumière de l’histoire, nous savons que, lorsqu’il est lié au pouvoir d’Etat, le christianisme peut être facteur de violence. La sécularisation et le contexte de la laïcité en France dans lequel nous vivons, nous permettent de prendre conscience de bien des choses que nous ne pouvions pas voir autrefois. Contrairement à ce qui se passe dans beaucoup de régions du monde, la contrainte sous toutes ses formes, que nous percevons aujourd’hui comme manifestation de la violence d’Etat, est moins à craindre que le désengagement de l’Etat de secteurs entiers de la vie culturelle, sociale et économique, tant au plan national qu’international. Les violences de masse que furent l’esclavage, la déportation ou les guerres continues, ont pratiquement disparu dans les sociétés de l’Europe de l’ouest. Alors qu’aujourd’hui le niveau de violence est relativement faible, jamais celle-ci n’a été à ce point au centre de nos préoccupations. La peur de la violence résulte de l’usage immodéré par les médias d’images de violence, qui jouent sur l’émotion et contribuent à enfermer les victimes dans leur statut.

Nos convictions

Parce qu’elles se savent aussi traversées par la violence, les Eglises et les CIOM sont des lieux où les souffrances qu’engendrent toutes les formes de violence, peuvent être déposées (intercession) et dites (écoute pastorale). Dans les situations difficiles, les Eglises et les CIOM peuvent faire reculer la violence en s’attachant à comprendre la position des personnes concernées et en recherchant les points charnières où s’exerce leur responsabilité éthique et pastorale vis-à-vis des plus faibles de notre société. Ainsi les Eglises et les CIOM peuvent-elles se penser comme des lieux de prévention et de réconciliation, où l’on est en mesure d’affronter la violence. Certaines représentations de Dieu dans la Bible sont violentes ; ces mots pour le dire nous offrent des images pour nommer et penser la violence. Mais à la croix, Dieu lui-même subit la violence en Christ et la désacralise. Christ est devenu notre paix ; en Lui, personne ne peut rester dans le statut de victime, ni être stigmatisé pour son sexe, son appartenance ethnique, sa catégorie sociale... (Ep. 2, 11-22). La paix est un don de Dieu au même titre que la grâce, la foi et le don des Ecritures. L’amour du prochain qui en découle, particulièrement l’amour des ennemis, est un article central de l’Evangile. Nous avons donc un devoir de prophétie et d’espérance suivant lequel la paix donnée doit être annoncée : la violence peut être surmontée. L’Etat démocratique a une fonction élevée dans l’ordre de la justice. Dans la nation, il exerce son pouvoir légitimement, mais les citoyens ont le devoir d’exercer à leur tour une vigilance critique qui rappelle à l’Etat ses limites, rappel qui peut faire l’objet d’une désobéissance civile. D’un point de vue chrétien, nous voulons maintenir ouverte la possibilité d’une « objection pour clause de conscience » ; elle constitue un rappel que l’exercice du culte et la confession publique de la foi, même radicale, sont libres dans notre société. L’Etat, qui exerce « le pouvoir du glaive » dans la nation, voit ce pouvoir toujours limité par une autorité au-dessus de lui (Rm. 13, 1).

Nos appels à engagements…

L’apprentissage de l’écoute et du dialogue dans les Eglises, les CIOM, comme dans les institutions éducatives publiques, privées et associatives, est source de progrès mutuels. C’est un apprentissage de l’altérité, de l’unité dans la diversité, du renforcement de l’estime de soi, de l’usage de la parole, qui sont autant d’outils réels pour surmonter la violence.

Comme membres d’Eglises et de CIOM,
nous appelons à :


Comme représentant(e)s de la Fédération Protestante de France,
nous appelons à :

Texte rédigé par Jean-François Zorn, coordonnateur du thème des Assise